Compte rendu de la journée rencontre des éleveurs de Belle ile mercredi 2 octobre
Présents :
André Le Mellionnec, Susan et Jean Massé, Dominique Kervil, Denise, Jean-Claude Boeffard, Marie-France et Jean-Michel Morio, François-Xavier De Kersabiec, François-Guy Lebeaupin, Victor Nicol, Philippe Bourhis
Belle-île est 15 km au large de Quiberon . L'île fait 84km2 - environ 20km par 10km. La population permanente est environ 5000 et en saison 40 000. Le nombre de visiteurs par an est de 500 000 . C'est une île agricole et touristique.( La pêche compte 30 pêcheurs inscrits aux affaires maritimes.) Il y a 40 exploitations sur 3000 ha. Les 10 exploitations ovines utilisent 26% de la surface . Avec l'age des exploitants et les difficultés des reprises il n'y en aura peut-être que 5 d'ici 2 à 3 ans. Les sols sont médiocres, le climat est venté avec embruns salés , les périodes de beaux temps (fréquents) peuvent être très séchantes.
Voici le décor dans lequel le Groupe Mouton a abordé cette magnifique île.
Rencontre de Sébastien et Stéphane Chanclu à Bangor :
Sébastien et Stéphane possèdent un troupeau de 700 brebis en race Vendéenne, Rouge de l’ouest avec dominante Charolais, et 30 béliers.
Ils exploitent 400 hectares en totalité en pâturage. Les terres sont éparpillées sur l’ile, les plus éloignées étant à 1 heure des bâtiments. Il y a malgré tout 80 hectares autour de l’exploitation et toutes les parcelles communiquent entre elles.
Les deux frères ont réfléchi leur système pour être le plus autonomes possible, l’insularité créant un coût supplémentaire important à chaque fois qu’il faut faire venir des produits du continent (10 000 € de coût de transport /an par exploitation belle iloise).
(ex : la tonne d’aliment coûte 450 € livrée à le Palais, il faut ensuite que les éleveurs aillent les chercher au port).
L’exploitation est en agriculture biologique uniquement sur les prairies, le coût alimentaire en AB étant trop élévé et l'abattoir n'ayant pas d'agéement bio pour les agneaux. (CF ci-dessus)
L’alimentation des brebis est faite avec les pâtures et l’enrubannage d’herbe. (1 200 bottes/an).Le refus de pâture servant à la litière (absence de céréales sur l’ile car les meilleurs rendements peinent à 30 qx).il n’y a pas de ré ensemement des prairies , ni de chaulage, juste un apport de fumier de l’exploitation est fait sur les terres. Ils achètent 23 tonnes d'aliment par an.
Les animaux ne rentrent dans les bâtiments qu’au moment de l’agnelage et restent maximum deux mois en bergerie.
photos de la bergerie et le matériel mobile rangé jusqu'aux agnelages à venir.(cornadis et cases )
La très grande majorité des agneaux étant vendu pendant la période estivale, l’agnelage se fait donc de manière groupé soit 850 à 900 agneaux par an (agnelage de 100 brebis /semaine) de fin décembre à février . Les brebis sont rentrées pour les 2 mois après démarrage des agnelages - il n'y a plus d'herbe jusqu'au mois d'avril.
Commercialisation : Les agneaux après avoir été abattus dans l’abattoir situé à 3 km de l’exploitation (Outil INDISPENSABLE pour les éleveurs) , sont vendus ensuite en très grande majorité (95 %) par la grande surface de l’ile qui possède une boucherie traditionnelle. La vente s'étale de mai à fin décembre.
La boucherie achète depuis 30 ans les agneaux de l’exploitation sans se baser sur un classement particulier mais à un prix fixe. (8.35 €/kg)
En été sont ainsi livrés 90 agneaux par semaine. Le reste des agneaux est commercialisé auprès de particuliers.
Photo: agneaux de 7 mois avec la marque du GAEC Chanclu sur le dos . La pâture et rosée leur suffit comme abreuvement en ce moment. Notez derrière le grillage avec végétation s'implantant dessus.
Au niveau matériel, les deux frères devant assurer leur récolte de foin sur un temps parfois limité (aléas climatique) ils possèdent tout le matériel pour la fenaison. Ils viennent également d’acquérir une épareuse pour entretenir les clôtures et favoriser l'implantation d'une haie comme vu sur la photo ci dessus.
A propos des clôtures, tous les ans 1,5 km est refait : les fils sont rapidement corrodés avec l’air marin. Les piquets sont remplacés quand nécessaire. Ils achètent du grillage de 90cm de qualité supérieure. Ils préparent un billot de terre avec un aller retour de charrue sur la tracé de la future clôture . Avec 50 km de clôtures au total et les coûts de transport, achats de piquets et grillage se font en gros directement chez les négociants.
photos : la nouvelle épareuse et stockage piquets , grillage ,et au loin anciennes tonnes à lisier servant pour l'abreuvement en eau des parcelles
Tous les champs sont fauchés une fois par an afin de supprimer les chardons. Pour économiser le carburant et aller plus vite leur tracteur 120 ch est équipé de 2 barres de coupe (avant/arrière 2 X 3,20m)
Des points d’eau sont alimentés par des anciennes tonnes à lisier sur toutes les parcelles.Ils installent des bacs comme dans la photo. A l’automne les moutons se suffisent avec pâture et la rosée du matin !
photos : matériel de fenaison puis bacs à eau et nourrisseur au pâturage
photo : Olga et l'outil indispensable - le quad.
Stéphane possède également quatre chiens dont un qui le suit particulièrement dans son travail. A 9 ans Olga arrive vers la fin de sa carrière. Nous avons pu assister à ses talents à travers une petite démonstration (CF film) Stéphane a fait des concours il y a quelques années et est arrivé aux demi-finales des Championnats de France avec Border Collie .
Pour l’aménagement de la bergerie, tout est amovible pour rendre le nettoyage plus facile. La simplicité est de mise : Des râteliers auge ont été construits par les exploitants il ya plusieurs années et quelques râteliers circulaires sont disposés dans la bergerie. Des parcs de tri sont construits avec des barrières quand le besoin est là. Environ 80 cases d’agnelage sont construites au fur à mesure des agnelages. Les mères et leurs petits y restent environ 1,5 jour. Il n’y a pas de cage de retournement sur l’exploitation.
Par contre un espace a été construit spécifiquement pour la tonte : par un couloir, les brebis arrivent dans un enclos puis sont prises par le tondeur sur une esplanade (3 tondeurs sur une journée réalisent tout le travail), la laine est récupérée en contrebas et mise dans une presse hydraulique pour prendre le moins de place possible pour le transport.
Nous avons poursuivi notre journée en visitant :
L’association « Au coin des producteurs »
Huguette Huel, agricultrice et présidente de l’association nous a fait découvrir les locaux de vente de l’association.
Installé dans la zone artisanale et commerciale de Merezelle à la sortie du Palais sur la route de Bangor. Le bâtiment, loué à un privé, est composé d’un local de vente et d’un laboratoire.
13 agriculteurs se sont réunis à partir de 2001 pour réfléchir à la possibilité de valoriser leurs produits d’exploitation. Après plusieurs rencontres, visites de magasins similaires, ils se sont lancés dans l’aventure en 2006, tout d’abord sur le marché et près de l’abattoir dans un bâtiment pré fabriqué.
En 2009, voyant que la clientèle est là, ils franchissent le pas en créant ce local. La débrouille et le recyclage ont été les moteurs pour aménager ce local : recuperation de four, frigo à l’hopital, dans des centres de vacances etc…
Ouvert le jeudi matin, le vendredi matin en soirée et le samedi matin, ils accueillent environ 380 personnes par semaine (12 heures d’ouverture). Le panier varie être 20 et 25 € en moyenne.
Le groupe a crée une commission produit, une commission hygiène avec des personnes extérieures aux exploitations afin d’avoir un regard objectif sur les produits. Deux benevoles travaillent à la caisse et enregistrent les produits selon des codes spécifiques aux exploitants.
Un autre bénévole est à la découpe. En saison, un salarié en TESA est embauché pour faire face au surplus de clientèle (400 personnes sur 12 heures parfois !)
Un pourcentage sur les ventes est retenu pour assuré les frais de fonctionnement.
Les produits proposés :
Miel et dérivés, viande d'agneau (18 à 20 agneaux livrés par semaine), veaux, porcs (6 cochons /semaine) ; glaces, volailles (150 poulets), fromage de chèvres , légumes etc…. avec la qualité et la traçabilité voulue par les consommateurs.
photos : L'entrée du magasin, son rayon frais, la salle de préparation, et leur affiche . En dessous le panneau pour présenter les producteurs.
( Pour avoir plus d'informations sur leur démarche voici un lien vers l'étude préalable qui a été faite en 2006 .Il y a beaucoup d'informations concernant la reglementation. link http://media.wix.com/ugd//5a8577_bd145a13747748eb6e9d61c3d79a1307.pdf )
Le groupe s'est ensuite retrouvé avec d'autres producteurs de l'Ile chez Patrick ANEVET et Nathalie pour déguster tous ensemble les produits locaux: Un moment fort en échange et convivialité
Que de bonnes choses autour de cette tablée!! Nous remercions vivement tous les éleveurs pour leur acceuil très chaleureux et intéressant et voici les trophées gagnés au Comice Agricole de Belle-ïle 2013 par nos hôtes - et leur garçons si amicaux et gentils.
ce n'est peut-être pas une brebis mais à Belle-île tout le monde est en quelque sorte dans le même bateau!
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LEOST GILDAS 24/01/2016 20:17